Devant l’explosion du nombre de demandes sur notre site à l’issue du confinement épisode 1, il nous a semblé évident qu’il fallait laisser une trace des enseignements de cette période hors du commun.
La privation de liberté qu’impose le confinement est difficile à vivre pour chacun de nous et on s’en doute, plus encore pour celles et ceux qui ne sont pas heureux en couple.
Contraints de passer beaucoup plus de temps ensemble, les conjoints qui ne s’entendent plus se retrouvent alors confrontés à leurs difficultés au quotidien, sans échappatoire (à moins de promener le chien ou d'aller chercher du pain 10 fois par jour…).
Impossible d’aller se changer les idées en ville, retrouver des amis, boire un verre en terrasse, partir en Week-end. Même ceux qui traversaient une simple crise ponctuelle peuvent se retrouver dans une impasse, incapables de se comprendre et d’avoir une discussion détendue.
Soyons réalistes, il faut être sacrément équilibrés pour vivre ensemble H24, particulièrement avec des enfants en bas âge ou des ado frustrés d’être coincés avec leurs vieux.
Le confinement, pour beaucoup, est donc venu mettre en lumière des fragilités latentes dans leur couple. Nombreux sont ceux qui nous ont dit avoir pris conscience qu’il était temps que certaines choses changent, que cela ne pouvait plus durer, surtout pas dans ces conditions.
Déclic pour certains, désillusion pour d'autres, le confinement a obligé les gens à se mettre face à leurs réalités et des centaines de couples ont été malmenés par cette conjoncture inouïe.
Confinement et couple ne font pas toujours bon ménage
Quand le couple vit mal les effets du confinement
Parmi les couples qui se sont adressés à nous à partir de Mai/juin 2020, il y avait beaucoup de quarantenaires, plutôt bien installés dans la vie, souvent parents d’adolescents ou de jeunes enfants. Généralement, le déclic s’était produit au bout de quelques semaines d’enfermement sous le même toit.
Aux difficultés de la gestion familiale s’ajoutaient les tensions liées au télétravail, les disputes fréquentes autour du suivi scolaire ou des tâches ménagères, les courses, le manque d’intimité, que des grands classiques de la distorsion au sein d’un couple ayant fondé une famille.
Rien de bien nouveau pourrait-on dire mais c’est là que l’effet confinement se fait sentir, il enlise et exponentialise des discordes habituellement banales ou anodines. Les spécialistes s'entendent pour dire que l’enfermement est un excellent facteur de disproportion pour le couple qui n’est pas au mieux de sa forme.
Prenons l’exemple de Géraldine et Martin, ils ont la quarantaine, travaillent tous les deux, sont les heureux parents de deux jeunes garçons en CP et CM1, ils sortent régulièrement, elle est fan de cinéma, il est très proche de ses vieux copains de fac. Quand la pandémie frappe notre pays de plein fouet, ils se retrouvent cloîtrés dans leur T3 du centre-ville, ils continuent de bosser à distance mais c’est compliqué avec les enfants et toutes les contingences des repas, des devoirs, des commissions et de la connexion web saturée…
Les premières semaines, ils composent avec cette situation inédite, Martin se souvient même qu’il y avait de l’enthousiasme dans l’air à l’idée de vivre ça ensemble, en famille. Géraldine dit quant à elle avoir déchanté très rapidement. Habituée à prendre énormément sur elle pour gérer les aléas de la vie familiale, elle continue naturellement à faire le maximum pour que ses trois hommes soient comme des coqs en pâte. Après quelques temps, la lassitude prend le pas sur la bonne volonté et c’est le début des frictions, une lente escalade qui va conduire le couple à tout remettre en cause.
Martin « J’avais la sensation qu’elle prenait plaisir à nous remonter les bretelles, elle était énervée du matin au soir, tout devenait sujet de discorde et d’accusations. Quand je n’étais pas laxiste avec les garçons, j’étais distant avec elle ou égoïste ou nul dans les tâches ménagères, il y avait toujours un motif pour que ça monte dans les tours. »
Géraldine « Je n’en pouvais plus d’être cantonnée à ma condition de femme d'intérieur et de mère, j’avais l’impression d’étouffer et que rien ne correspondait plus à ce que je voulais faire de ma vie. Mon mari était un inconnu, je ne lui trouvais que des défauts et j’avais envie de tout envoyer balader, j’ai même songé à laisser mes fils à leur père pour prendre le premier avion mais les frontières étant fermées, je ne risquais pas de m’envoler bien loin alors je faisais la gueule, c’est vrai »
Tous deux s’accordent néanmoins pour dire qu’ils pensaient aller parfaitement bien avant l’épidémie et ses conséquences. Ils sont loin d’être les seuls à avoir vécu une traversée du désert pendant le confinement, nous avons eu des dizaines de témoignages allant dans le même sens.
Cette situation exceptionnelle provoque des réactions tout aussi exceptionnelles et personne n’est à l’abri.
Post confinement, Géraldine et Martin en sont même arrivés à évoquer la séparation.
Ils se sont adressés à nos services pour entamer les démarches mais nous avons commencé par les inciter à rencontrer un thérapeute pour apaiser entre eux la communication. Il faut dire que tout dialogue serein était devenu inabordable, même au sujet de leurs enfants qui en souffraient énormément.
Ils ont fini par démarrer une thérapie et après quelques séances, ils ont compris que l'essentiel était intact, leur amour réciproque existait toujours sous la couche épaisse des aléas qu'ils venaient de traverser. Ils sont loin d'être les seuls à avoir vu leur navire tanguer pendant ce confinement, nous avons croisé bien d'autres couples à la dérive du fait de cette fichue pandémie.
Géraldine « Nous avons compris que le contexte de confinement avait eu un effet très angoissant sur nous et plutôt que de puiser dans notre couple l’énergie d’aller de l’avant ensemble, nous nous sommes enfoncés dans une spirale de reproches l’un envers l’autre, pour extérioriser notre agressivité, notre incapacité à accepter ce qui se passait dans la Société et les conséquences sur notre vie quotidienne"
Martin « Grâce à la thérapeute, Gé et moi avons pu exprimer nos peurs et nos doutes, ça nous a permis de comprendre que le souci n’était pas lié à notre relation mais à notre capacité d’adaptation. J’aurais dû être davantage à l’écoute de ma femme, essayer de la comprendre plutôt que la voir comme un frein supplémentaire dans cette situation de merde que nous vivions pour la première fois. Je n’ai pas été assez présent ni investi dans les corvées, j’ai un peu fait l’autruche, je dois le reconnaître. Les séances de thérapie ont été bénéfiques parce qu’on arrivait à se dire les choses sans se gueuler dessus et ça change tout, on a fini par se comprendre l’un l’autre. Quand nous avons fait ce travail d'acceptation, ça a été si facile de se retrouver comme au premier jour. On aurait pu passer à côté de ça, on aurait carrément pu foutre notre histoire en l’air alors qu’on s’aimait encore ! »
Géraldine « ça n’a pas été le cas heureusement et si ça doit se reproduire, nous ferons les choses autrement. J’ai pas mal de proches qui ont eu des moments de creux dans leur histoire d'amour, des éloignements liés au confinement, c'est paradoxal mais c'est évident que la promiscuité peut nuire à la relation. Il ne faut pas hésiter à en parler autour de soi, on se rend vite compte que c’est normal et qu’il vaut mieux se recentrer que tirer des conclusions hâtives..."
Leur témoignage est à l’image de tant d’autres, le confinement déstabilise les couples, même les plus « solides ». C’est donc primordial de se contenir, réfléchir et éventuellement de se faire accompagner par un professionnel dans ce cheminement avant de se lancer dans une séparation tête baissée et pour de mauvaises raisons.
Parfois, être confinés aura même du bon pour certains, il arrive que le couple en ressorte grandi, renforcé. Le confinement peut aussi permettre un repli du couple sur lui-même et une réelle remise en question dans laquelle chacun fera évoluer son comportement ou ses réactions.
Quand le confinement a du bon pour le couple
Parmi les couples en situation de séparation que nous suivions au moment du confinement, quelques-uns ont décidé de se passer de nos services et de retenter leur chance à l’issue du confinement.
Ils sont rares mais nous avons des exemples de conjoints que le confinement a réconciliés et pour lesquels le fait d’être contraints de vivre ensemble a rallumé le feu, ravivé la complicité d’antan. Oui, ça peut sembler incroyable mais c’est pourtant ce qui est arrivé à Hélène et Patrick, un ménage quinquagénaire originaire de la Picardie et parents de 3 grands enfants.
Alors que leur divorce allait être signé et quelques jours avant l’emménagement d’Hélène dans son nouvel appartement, le glas du confinement tombe sur l’ensemble du territoire français et tout se fige avec les cartons dans le garage.
Au début, ils prennent les choses avec philosophie, Patrick fait même de l’humour en prétendant qu’il est à l’origine de la pandémie parce qu’il ne peut se résoudre à l’idée de « se faire à manger tout seul ». Ils cohabitent sans trop échanger les premières semaines et puis Hélène tombe malade, elle s’est blessée en jardinant et l’infection nécessitait une intervention médicale qu’elle a sans cesse repoussée. Son état a nécessité une hospitalisation d’une semaine avant qu’elle ne puisse rentrer chez elle. Patrick a très mal vécu cette période.
Patrick « Mon fils aîné est venu vivre à la maison quelques jours tellement j’étais mal, je me sentais responsable et minable, j’avais peur qu’elle ne s’en remette pas, je me suis rendu compte à quel point elle comptait dans ma vie, ça a été comme un électrochoc ».
A son retour, Hélène était épuisée, son état nécessitait beaucoup de repos.
Hélène « Pendant ma convalescence, mes enfants ne pouvaient prendre le risque de me rendre visite et j’étais seule chez nous avec Patrick. Il a pris soin de moi, jour et nuit, il veillait à ce que je ne manque de rien, il s’est mis à me cuisiner des petits plats, il préparait des infusions, me faisait couler des bains, il mettait de la musique et cherchait à me divertir. Je n’avais pas vu mon mari si attentionné depuis des années, je redécouvrais l’homme dont j’étais tombée amoureuse et il n’avait jamais été aussi attentionné avec moi »
Patrick « moi, je me rendais compte de tout ce qu’elle faisait pour moi, de tout ce qu’elle avait fait pour nous. J’étais responsable de son rétablissement et de toute la maison, j’ai donc pris conscience qu’elle avait beaucoup donné pour notre vie de famille. A vrai dire, j’étais épuisé alors que je n’avais pas nos trois enfants à gérer et même pas le boulot puisque j’étais au chômage partiel avec la Covid 19 ! Y a plein de gens qui parlent de la charge mentale et je trouvais ça ridicule mais maintenant, je comprends ce que ça représente de tenir une maison et de s’occuper des autres. Nos enfants ont quitté le nid récemment et ça a été un peu bizarre de se retrouver face à face, je crois que j’ai sous-estimé l’effet que ça avait eu sur nous, sur notre relation. Je ne m’intéressais plus assez à mon épouse et elle s’investissait trop son rôle de maîtresse de maison, c’est ça qui a été révélateur pour moi pendant le confinement »
A la question « est ce que vous pensez que le confinement a sauvé votre couple ? » ils répondent Oui sans hésiter.
P. « sans le moindre doute ! je regardais ma femme partir et s’installer à 30 km de chez nous sans rien faire pour la retenir, je me résignais à l’idée que c’était le cas pour tant de gens alors pourquoi pas nous, j’avais abandonné tout espoir de sauver notre couple… »
H. « en fait, le confinement nous a obligé à revivre ensemble et mon état a inversé le rapport qui s’était installé entre nous depuis très longtemps. J’ai redécouvert Patrick grâce au confinement et à mon infection. Si nous avions continué normalement, je vivrais seule et lui aussi, nous regretterions peut-être mais ce serait impossible de faire machine arrière. En cela, oui, le confinement nous a sauvés… »
On comprend à travers leur histoire qu’une fois que la décision de se séparer est prise, il est difficile de revenir dessus mais pas impossible. Dans ce témoignage, le confinement a permis une redistribution des cartes, une prise de conscience réciproque qui a réouvert le dialogue là où il ne restait que des conflits et de la colère.
Comme Hélène et Patrick, d’autres couples se sont redécouverts ou rapprochés pendant le confinement. Les circonstances exceptionnelles que nous avons vécues (et vivrons sans doute encore) ont obligé des conjoints à faire face à leurs difficultés. Il est en effet bien plus compliqué de fuir quand on est confiné, on ne peut pas faire semblant ou prendre sur soi H24 sous le même toit. Certains réussissent donc à mettre à profit cette contrainte pour tenter de mieux se comprendre et de se rapprocher.
Cela dit, il faut rester réaliste et vous vous doutez bien que ces exemples font quelque peu figure d’exception car le confinement est loin de n’avoir eu que du bon pour les couples qui nous ont sollicités.
Quand le confirnement est destructeur pour le couple, explosion des séparations en 2020 ?
Pour de très nombreux couples, le confinement a pris des airs de remise en question globale et pour une partie d’entre eux, il a même conduit à la rupture et au divorce.
Chaque couple a son propre équilibre, impossible de faire des généralités sur les couples qui durent comparés à ceux qui finissent par se séparer. En revanche, ce qui est évident, c’est que le confinement, le fait de se retrouver privé d’une grande partie de ses libertés, vient naturellement fragiliser nos équilibres dans quasiment tous les domaines.
Chacun de nous a ses habitudes et nos repères ont été bouleversés par le confinement, c’est donc normal qu’il y ait eu des ajustements nécessaires et des mises au point salutaires afin de s’adapter à la situation. Si certains ont vu leur relation s’améliorer à travers cette période, d’autres en ont au contraire perdu le fil. L’enfermement a provoqué ou attisé des tensions parfois très enfouies entre des partenaires qui pensaient pourtant aller bien.
Pendant le confinement, nous avons constaté une recrudescence de connexions sur nos sites internet, de nombreuses personnes ont commencé à s’intéresser à l’éventualité d’une séparation ou d’un divorce après quelques semaines confinées.
Rares sont les partenaires totalement fusionnels qui peuvent vivre ensemble à plein temps sans que cela ne génère le moindre couac, la moindre lassitude ou dispute. On n’a pas entendu des masses de gens nous relater combien ils ont adoré être cloîtrés chez eux avec leur conjoint(e) et leurs enfants le cas échéant.
Nous avons tous composé avec nos caractères, nos humeurs, nos tracas, nous avons tous pris sur nous pour affronter cette période incertaine et inédite et il est donc normal de constater que certains aient eu plus de mal à le vivre que d’autres.
Ceux qui ne s’en relèveront pas s’accordent pour dire que le confinement a été un déclic mais pas la cause. Généralement, les couples qui ont décidé de rompre à l’issue ou pendant le confinement avaient des difficultés depuis longtemps. On imagine aisément qu’être contraints de se confiner ensemble quand la relation est fragile ou conflictuelle provoque rapidement des impasses et des dissensions profondes.
Combien d’entre nous refusent de regarder les réalités en face, combien sommes-nous à nous voiler la face sur la qualité de notre relation à l’autre ? Il n’est jamais simple d’être honnête avec soi-même, on espère que les choses s’arrangeront avec le temps et c’est parfois le cas d’ailleurs, on se dit que c’est une période, un creux de la vague comme en vivent tant d’autres, on patiente, on garde confiance.
Dans ces situations, le confinement vient souvent cristalliser les difficultés, creuser les fossés entre ceux qui s’étaient éloignés sans trop en avoir pris conscience.
Il y a l’exemple classique des conjoints qui se rendent compte en étant confinés que les charges quotidiennes ne sont pas équilibrées. Nous avons eu plein de témoignages illustrant parfaitement cette situation. Deux parents salariés qui se retrouvent à leur domicile en télétravail avec leurs enfants ont rapidement le sentiment d’être totalement débordés et ça met le feu aux poudres.
On a constaté que les premières victimes du confinement ont été les familles avec des jeunes enfants, rien d'étonnant à cela quand on sait toute l'attention que demandent des bambins plein d'énergie et de frustration d'être enfermés.
Mathilde, 36 ans, explique par exemple qu’elle n’avait jamais eu à s’occuper des repas ou de la maison parce qu’elle avait la chance d’avoir une nounou à plein temps ainsi qu’une femme de ménage. Quand elle rentrait le soir, elle profitait simplement de ses deux filles avant de les coucher vers 21h et de se consacrer à son époux quand il n’était pas en déplacement ou absorbé par son boulot.
Mathilde « Du jour au lendemain, je me suis improvisée cantinière, professeur, nounou, femme d’intérieure et intendante. Non seulement je n’étais pas du tout préparée à ça mais en plus, il fallait que je maintienne la barre de mes obligations professionnelles.
La première semaine m’a parue durer une éternité et dès la suivante, la fatigue provoquait chez moi impatience et frustration du matin au soir. J’en ai très vite voulu à mon mari qui s’enfermait dans son bureau dès 8h pour n’en ressortir qu’au déjeuner puis au dîner, mettant les pieds sous la table, comme si c’était évident.
Nous avons commencé à nous bagarrer sur des sujets que nous n’avions jamais abordés, je lui reprochais son absence, son manque de bonne volonté et il me renvoyait l’image d’une mégère, il me disait que je devenais hystérique et ça me rendait en effet complétement folle.
Je sais qu’il gagne plus d’argent que moi et qu’il a d’énormes responsabilités mais qui peut accepter de mettre sa vie entre parenthèses sous prétexte que son compagnon ou sa compagne a des revenus plus importants ? je trouvais son discours avilissant et j’avais l’impression de découvrir un autre homme que celui que j’avais épousé.
Nous sommes à l’aise financièrement, nous avons la chance de vivre dans un grand appartement où chacun dispose de son intimité et dans lequel nous profitons de tout le confort nécessaire. Mais même dans ces bonnes conditions, j’étais comme en prison, réduite à des tâches que je ne faisais jamais en temps normal et qui, je l’ai découvert à mes dépens, sont bien plus énergivores et chronophages qu’on ne l’imagine.
Oui, faire des courses (même en ligne) prend du temps, préparer à manger et nettoyer ensuite prend aussi un temps de dingue, tout comme les lessives, le ménage, le repassage, le rangement, les devoirs, les bains… c’est sans fin. Je prenais du retard sur mon boulot, j’avais de plus en plus de pression et de moins en moins de courage pour ouvrir mon ordinateur une fois nos enfants au lit. Je me relevais la nuit pour bosser et j’accumulais un manque de sommeil qui me rendait toujours plus irritable en journée.
Au bout de quelques semaines, j’ai quasiment fait un Burn Out à domicile, je me souviens juste d’être tombée dans la buanderie et je me suis réveillée sur mon canapé dans les sanglots de mes filles avec un docteur qui prenait ma tension. Ce « petit » malaise vagal a été un électrochoc pour tout le monde, j’étais au bout du rouleau, pas loin de la dépression.
Ni une ni deux, mon mari a pris son téléphone et dans les 12 heures qui ont suivi ma belle mère a emménagé chez nous.
Je n’ai pas eu mon mot à dire et de toutes façons, j’étais bien trop crevée pour m’opposer à quoi que ce soit, je voulais juste dormir et prier pour me réveiller dans mon ancienne vie.
Après quelques jours de repos, j’ai repris du poil de la bête et plus je me sentais forte, plus j’avais de rancune envers mon conjoint. Sa mère avait pris ses quartiers chez nous et il s’en accommodait parfaitement, il dégageait même plus de temps pour lui faciliter la gestion du quotidien qu'il ne le faisait avec moi. Il prenait des initiatives pour faire les courses, veillait à ce que les filles fassent leurs devoirs, je l’ai même vu se prendre de passion pour l’aspirateur alors qu’il n’avait sans doute pas allumer cet appareil depuis 15 ans.
Ce changement radical de comportement m’a sidéré, ça a provoqué en moi une colère énorme parce que je ne pouvais pas accepter qu’il prenne tant de précautions avec sa mère alors qu’il m’avait laissée tout gérer le mois précédent, sans jamais s’inquiéter de voir mon état général ainsi que mon moral se dégrader sous ses yeux.
J’ai prétexté du retard dans mon travail pour ne pas avoir à partager trop de repas avec lui, nos filles et ma belle-mère. Le soir, je me couchais avant lui et faisais mine de dormir pour ne surtout pas avoir à lui parler et le matin, je me levais pendant qu’il passait sous la douche et j’allais directement travailler dans la chambre de notre fille aînée. Les semaines sont passées et nous nous sommes irrémédiablement éloignés sans qu’il cherche à se rapprocher de moi ou à comprendre ce qui nous arrivait. En fait, rien ne semblait le troubler, il travaillait beaucoup, discutait avec ses filles et sa mère, ça lui convenait très bien.
Fin Avril, ma belle mère est rentrée chez elle, j’allais bien mieux et j’avais petit à petit repris la main sur la gestion de la famille. Elle et moi nous sommes toujours très bien entendues et il ne lui a pas fallu longtemps pour deviner que notre couple était en danger et que mon comportement aurait dû inquiéter son fils. Je pense qu’elle lui en a touché un mot avant son départ car le soir même, il abordait le sujet sans pincettes. La discussion a vite tourné au vinaigre, j’avais beaucoup de rancœur enfouie et j’avais repris des forces, le ton est monté d’emblée, impossible d’échanger de manière cohérente, j’étais fermée comme une huître.
Dès le lendemain, tout s’est reconfiguré comme au début du confinement, il n’a pas modifié ses habitudes d’un iota mais j’ai moins puisé dans mes réserves car j’avais pris de l’avance au travail et je me suis montrée bien moins exigeante avec la maison, les devoirs et les repas.
Quelques jours ont suffi pour que je prenne une décision sans appel, je voulais demander le divorce, ne plus jamais avoir à vivre avec cet homme qui m’était devenu totalement étranger. Le soir du déconfinement, il a voulu célébrer ça en débouchant un champagne millésimé et avant qu’il ne fasse sauter le bouchon, je lui ai dit que je souhaitais divorcer, à l’amiable, rapidement.
Abasourdi, c’est le mot. Il ne s’attendait pas le moins du monde à cette nouvelle, il est resté sans voix et j’ai pu déverser toute ma colère à son encontre. Le surlendemain, je quittais l’appartement avec nos filles pour m’installer quelques semaines chez ma sœur, à la campagne. Il s’est dit que j’allais prendre du recul, faire le point, c’est d’ailleurs ce que tous nos proches se sont dits. Pourtant, ce n’est pas ce que j’ai fait, je me suis au contraire mise en quête de mon futur logement, j’ai mis de l’ordre dans mes papiers, j’ai profité de mes enfants, je n’avais plus aucun doute sur ma décision.
L’été est arrivé vite, les filles sont parties chez mes parents dans le Sud après avoir passé quelques jours seules avec leur père chez nous car j’avais prétexté un déplacement de boulot (alors que j’occupais le studio d’une amie en voyage à quelques centaines de mètres). Une fois nos enfants récupérées par les grands parents, je suis rentrée à l’appartement et j’ai posé cartes sur table avec mon époux. Pourquoi je le quittais, comment j’entendais organiser notre séparation, ce que j’attendais de lui et ce que j’espérais sauver de notre relation.
Son incapacité à tenter de me faire changer d’avis m’a confortée dans mon intention de rompre, j’étais déterminée et même s’il subissait la situation, je voyais bien qu’il n’en souffrait pas tant que ça. Cette sorte d’indifférence me rendait triste mais c’était sans doute une façon pour lui de se protéger, je ne sais pas, j’ai arrêté de me poser la question. Rien ne compte plus pour lui que sa réussite professionnelle, sa carrière, ses investissements. Il ne travaille même pas pour l’argent, c’est sa passion ! Les conditions de notre divorce n’ont d’ailleurs pas été compliquées à négocier puisqu’il a tout accepté sans débattre, il ne voulait pas d’une garde alternée et même si ça me pèse parfois, je suis ravie d’avoir mes filles la majeure partie du temps.
Officialiser notre séparation n’a pris que quelques semaines, il m’a racheté les parts de notre appartement, j’ai pu acquérir le mien à quelques rues et maintenir ainsi les repères de nos filles. Leur annoncer a en revanche été un moment très éprouvant, elles ont eu du mal à accepter la nouvelle et heureusement que c’était les vacances et qu’elles ont eu des semaines pour se faire à l’idée, entourées de leurs cousins et cousines dont certains ont vécu la séparation de leurs parents.
Nous nous sommes revus à deux reprises pour que je récupère des affaires et pour organiser le partage de celles des filles entre nos deux logements, c’était déroutant de voir à quel point il restait impassible, j’en parle encore aujourd’hui avec ma thérapeute tant ça me dépasse d’avoir pu vivre si longtemps avec quelqu’un qui ne me correspondait plus.
Je suis arrivée à une conclusion qui peut sembler idiote mais qui est pourtant vraie, le confinement a créé les circonstances dans lesquelles j’ai été mise face à mes réalités. Je me fourvoyais depuis très longtemps sur la qualité de ma relation à mon mari, je pensais que nous étions heureux ensemble alors que nous n’étions plus vraiment ensemble depuis des années. Le confort de notre vie commune atténuait les fossés qui s’étaient creusés entre nous et c’est en cela que le confinement est venu chambouler notre train-train de privilégiés.
Il m’arrive de lui en vouloir encore mais je suis convaincue que nous sommes tous les deux plus heureux aujourd’hui. Je lui souhaite de rencontrer une femme qui corresponde mieux à ses attentes et à ses envies. Je me souhaite aussi de rencontrer un homme avec lequel m’épanouir et profiter des prochaines décennies. »
Le récit de Mathilde est assez représentatif de ce qu’ont vécu pas mal de personnes pendant le confinement, une sorte de prise de conscience qui provoque la remise en cause du couple. Pour certains, cela va générer des changements salutaires, ça va rompre des modes de fonctionnement qui mettaient en danger l’avenir du couple. Pour d’autres en revanche, c’est l’effet inverse qui se produit, les rancunes explosent et cela provoque un ras de marée qui emporte tout sur son passage et conduit à la rupture et au divorce.
Selon notre approche, il est essentiel de se poser les bonnes questions et de ne pas confondre la crise passagère liée à un contexte exceptionnel et anxiogène avec la crise profonde qui prend, dans ces circonstances, une toute autre ampleur. Ainsi, nous invitons vivement les couples à faire un travail thérapeutique pour mieux cerner les causes de leurs difficultés et se donner le temps de réfléchir sérieusement.
Pour ceux qui craignent d'entamer un travail thérapeutique, notre partenaire Positiveyou propose des séances d'accompagnement gratuites à nos utilisateurs. Ainsi, vous pouvez essayer de consulter un psychologue sans que ça ne vous coûte rien. Cliquez sur ce lien pour en savoir plus.
Il faut éviter à tout prix de prendre des décisions dans la précipitation ! Le confinement n’est pas le moment le plus propice pour faire le bilan de votre histoire, attendez de recouvrer le cours normal de votre vie et essayez d’ajuster ce qui ne fonctionne pas ou plus avant de vous lancer dans les démarches de séparation alors que ce n’est pas mûrement réfléchi.
Oui, il est possible que le confinement signe la fin de votre couple quand rien n’allait déjà plus avant mais c’est moins évident si ces circonstances ont malmené votre relation puisque vous pouvez sans doute corriger le tir et vous donner les moyens de mieux vous comprendre, mieux vous aimer.
Concrètement, ça signifie qu’il ne faut pas vous faire une confiance aveugle si vous doutez de vos sentiments à l’issue du confinement, tentez de recoller les morceaux et d’aller vers votre partenaire pour affronter ensemble ce qui pourrait n’être qu’un moment difficile comme en traversent tous les couples.
Pour vous aider en ce sens, notre offre de services onfaitlepoint.fr est adaptée à toutes les situations, n'hésitez pas à nous solliciter sur ce lien.
Pour boucler la boucle de cet article qui aura sans doute parlé à bon nombre d’entre nous, il apparaissait évident de donner la parole à d'autres et qui mieux que des professionnels et témoignages pour éclairer nos lanternes ?
Nous avons donc posé quelques questions à certains de nos partenaires en thérapie et nous publions aussi des extraits de témoignages que nous avons reçus entre les mois de Mars et Juillet 2020.
Confinement, couple, séparation, divorce, témoignages
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Avez-vous senti une différence dans votre travail en thérapie de couple durant et après le confinement ?
Mathilde - Thérapie de couple à Nantes
Oui, définitivement ! Pour commencer, il a fallu se mettre à la Visio et moi qui suis peu habituée à utiliser du matériel informatique, ça a été un calvaire au début ! Je me suis demandée si j'arriverais à me faire aux séances à distance mais finalement, ça s'est fait assez naturellement. Pour certains de mes patients, en revanche, ça a été plus compliqué et même impossible pour deux couples que je suivais.
Il faut avouer que s'isoler chez soi quand on a des enfants en bas âge, c'est un casse-tête. Ce n'est déjà pas évident pour bien des gens de se lancer dans un travail avec un thérapeute, vous imaginez que c'est encore plus escarpé de s'y tenir virtuellement. J'ai revu les deux couples qui avaient abandonné pendant le premier confinement et je dois dire que ça ne les a franchement pas aidés. J'enfonce des portes ouvertes en vous confirmant que le fait d'être confinés n'a pas aidé les couples en difficultés, bien au contraire.
Le sentiment d'être privé de liberté est encore plus lourd à porter quand l'ambiance familiale est tendue. De nombreux nouveaux termes sont apparus dans la bouche de mes clients; "prisonnier", "cloîtré", "reclus"... beaucoup de mots qui traduisent la sensation de captivité, comme si les gens se sentaient subitement pris au piège de leur vie.
Pendant cette période exceptionnelle et liberticide, certains ont pris fermement la décision de se séparer, c'est aussi un moment qui a été propice aux déclics de part et d'autre. Le confinement a conforté des prises de conscience qui étaient plus ou moins initiées avant. Je n'ai donc pas du tout été étonnée d'apprendre qu'il y avait eu de nombreuses ruptures durant cette pandémie.
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Quels conseils donneriez-vous aux gens qui ont été ou sont fragilisés par le confinement ?
Astrid, coach en développement personnel à Bruxelles
"Les mêmes qu'à tous ceux qui ne vivent pas seuls. Se voir confiné en famille, en colocation, en couple, entre amis... c'est toujours composer avec le caractère de chacun. On ne peut pas savoir comment vont réagit ceux qui partagent notre vie, c'est une nouvelle expérience que de se retrouver en lieux clos, c'est destabilisant pour tout le monde.
Qui suis-je pour donner des conseils ? J'ai personnellement très mal vécu l'enfermement, la privation de mes libertés. Je peux dire qu'il faut prendre sur soi, cultiver sa patience et quand on en manque, comme c'est mon cas, trouver des subterfuges pour s'aérer ou s'isoler dans un coin. Le sport m'a bien aidé et je sais que beaucoup de mes proches ou clients ont redécouvert les plaisirs de l'activité physique pendant le confinement.
J'accompagnais des gens qui ont su mettre à profit leur temps pour aller au bout de certains projets qu'ils repoussaient depuis des années. Apprendre une nouvelle langue, écrire un bouquin, se mettre à cuisiner, redécorer tout son intérieur.... j'ai pu voir que ça avait autorisé certaines personnes à se consacrer à eux.
Mais je temporise ce point de vue car il y a aussi eu pas mal de casse, c'est un contexte tellement inhabituel et anxiogène. A ce niveau, mon conseil n'engage que moi, je préconise de couper le lien avec les médias et les informations continues sur le comptage des morts, les hospitalisations, les variants et autres mutants qui filent la nausée !
Essayons de concentrer notre énergie sur ce qui nous fait du bien. Ma soeur, par exemple, s'est mise à communiquer avec ses voisins et en quelques semaines, tous les habitants de son immeuble s'investissaient ensemble dans des causes communes (un compost, la rénovation de la cour, du soutien scolaire...).
Dernier conseil, davantage pour les couples, innovez ! Faites-vous plaisir en faisant plaisir à l'autre, ne laissez pas les circonstances embourber encore plus votre quotidien. Un bon petit plat qui sort de l'ordinaire, un dessin un peu ridicule fait avec vos gamins, une fleur piquée chez le voisin, un bon lit qui sent le propre, l'intégral d'une vieille série que vous aimiez ... les choses simples sont souvent les meilleures.
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Comment vivre un confinement plus serein quand on est un couple avec des enfants ?
Erwann, 39 ans, papa de Chloé (8 ans), Basile (5ans) et Hector (22 mois)
Je voulais témoigner essentiellement sur cette question de la gestion d'une jeune fratrie pendant le confinement, j'en ai bavé pour tout vous dire. Je suis commercial dans le vin et je suis très souvent en déplacement. Mon épouse est comptable, elle travaille en 4/5ème et passe le mercredi avec les petits. Nous avons une femme de ménage qui est souvent amenée à garder nos enfants en fin de journée, nous rentrons vers 19h15. Tout ça pour dire que nous sommes bien organisés et que le confinement a fichu un sacré désordre dans notre organisation.
Télétravail pour commencer, pour nous deux, pas de chômage partiel. Au début, ma femme et moi n'étions pas inquiets, on avait confiance en notre duo mais c'était sans compter sur le trio de choc en face de nous, nos trois enfants. Faut pas se mentir, la vie de famille n'est pas toujours facile et pour le coup, on en a gravement pris conscience à l'occasion de ce confinement. Le quotidien avec nos trois petits monstres a viré au supplice.
Honnêtement, c'est impossible de travailler de façon efficace au milieu des chahuts, des cris, des disputes et des courses poursuites. L'ambiance de la maison s'est vite dégradée, le volume sonore devenait insupportable pour tout le monde, même nos voisins sont venus se plaindre ! Entre Laure, ma compagne, et moi, les tensions se sont multipliées. Je reconnais que j'ai eu tendance à m'isoler et à filer la priorité à mon boulot aux dépens du sien. Du coup, elle s'est retrouvée à gérer la logistique, la bouffe, les courses, le ménage, le petit dernier et la scolarité des aînés. Le soir, une fois les enfants couchés, elle rattrapait son travail en retard et se couchait parfois au milieu de la nuit. Bien entendu, ça n'a pas tenu très longtemps comme ça, après quelques semaines à ce rythme, Laure était épuisée et la communication entre nous devenait houleuse. On s'engueulait tous les jours, devant les gamins, il y avait des larmes, des coups de sang, des reproches continuels, à tel point que j'ai fini par installer un matelas par terre dans mon bureau.
Un matin, Chloé, du haut de ses 7 ans à l'époque, est venue me réveiller en disant que maman n'était pas là. J'ai pensé qu'elle était allée faire des courses mais deux heures plus tard, après avoir tenté de la joindre à 10 reprises, j'ai compris qu'elle m'avait planté là avec les enfants. Je suis allé vérifier et elle avait emporté des affaires, son ordinateur, pas ma de papiers et même un album photos de nos dernières vacances au ski, juste avant le confinement. La douche froide.
Je garderai un affreux souvenir de cette journée, les petits étaient en panique de ne pas voir leur mère revenir et je ne savais pas quoi leur dire. Hector, à peine un an, commençait tout juste à marcher et demandait une attention permanente, je ne savais plus où donner de la tête. J'ai prévenu mon boss que j'allais être moins disponible pendant quelques jours, c'était un mercredi, je n'ai pu reprendre une activité à peu près normale que trois semaines plus tard...
Laure n'a pas répondu à mes messages mais elle a envoyé un mail en fin de journée, elle disait simplement qu'elle n'en pouvait plus et qu'elle avait besoin de faire le point de son côté, elle était désolée mais ça ne changeait rien, je me retrouvais comme un con. J'ai tenté de la raisonner, j'ai insisté pour qu'elle rentre mais aucun retour de sa part, je ne savais même pas où elle était.
Après avoir remué ciel et terre auprès de sa famille et ses amis, impossible de la localiser et sur les conseils de sa soeur, je me suis résolu à prendre mon mal en patience et mes responsabilités de papa. Les jours suivants, je me suis consacré aux tâches ménagères et j'ai découvert les plaisirs des journées avec trois enfants en bas âge. C'est ironique parce que je suis obligé d'avouer que ça ne m'a pas plu du tout d'être père au foyer, c'est un sacerdoce. J'adore mes enfants mais je n'ai pas du tout apprécié cette période, j'ai compris que ma femme avait voulu me faire un électrochoc et elle a réussi. C'est pénible de s'occuper d'une maison et de ses jeunes locataires, c'est fatiguant, laborieux et parfois carrément gonflant.
En quelques jours sans maman, la maison ressemblait à un champ de bataille, on mangeait dans le salon, la télévision était allumée en permanence, les devoirs avaient pris du retard, heureusement que les courses étaient livrées à domicile car on aurait vidé les placards et crié famine. Après une semaine, j'étais rincé, j'avais envie d'appeler à l'aide, Basile se remettait à faire pipi au lit, Chloé était angoissée et avait tout le temps mal au ventre et le petit Hector qui faisait ses dents nous hurlait dans les oreilles à longueur de temps... Un enfer !
J'ai failli appeler ma mère à la rescousse mais je ne l'ai pas fait. J'ai insulté Laure dans des messages incendiaires, je suis passé par des phases de fureur où je lui disais que je ne lui pardonnerai jamais ce qu'elle nous infligeait. Au bout d'un certain temps, je me suis raisonné, il fallait que je reprenne le dessus. Un matin, j'ai décidé de changer les choses, j'ai convoqué une sorte de "conseil de famille" avec mes deux grands, je voulais qu'on s'organise. Chloé s'est montrée un peu crispée au départ mais elle a vite compris que j'étais déterminé à faire face à la situation avec eux.
Les jours suivants ont été moins austères, ce n'était pas détendu ni reposant pour autant mais mieux planifié. J'attendais avec impatience le soir, l'extinction des feux, pour travailler un peu, parfois beaucoup. La fatigue était envahissante et je n'avais aucune nouvelle de Laure, j'étais de plus en plus furax contre elle et cet abandon pur et simple de notre famille. Une dizaine de jours plus tard, elle est rentrée. Passées les retrouvailles émues avec ses petits, elle m'a simplement dit que nous parlerions une fois les enfants couchés, j'ai eu envie de l'étrangler !
Nous avons discuté mais le ton est monté très vite, nous étions incapables de nous écouter et de nous comprendre l'un l'autre. Elle a décrété que nous devions partager la charge des enfants et de la maison à parts égales jusqu'à ce que le confinement soit levé, ensuite, on aviserait sur notre couple. Nouvelle douche froide, elle pensait donc à me quitter, j'en étais malade.
En Mai, quand les enfants ont pu retourner à l'école et que la vie a repris un semblant de normalité, j'ai été soulagé de reprendre doucement le chemin du boulot. Entre Laure et moi, les séquelles étaient palpables, on ne partageait plus rien à deux. Avant les vacances d'été, elle m'a annoncé qu'elle demandait le divorce et qu'elle allait s'installer chez une amie en attendant de trouver un appartement. Sur le coup, j'ai cru que c'était en effet la meilleure solution pour tout le monde, j'étais écoeuré mais ça ne pouvait plus durer.
Avant d'entamer la procédure de divorce, on nous a incités à rencontrer une thérapeute pour améliorer les échanges entre nous car le dialogue était toujours aussi rigide et orageux. Au cours des premières séances, plein de choses sont sorties, on avait des reproches réciproques, des rancunes qui dataient même d'avant le confinement et qu'on n'avait jamais réglées. Il y a eu des larmes mais je sentais que ça nous faisait du bien et nous avons donc persévéré. Les semaines qui ont suivi ont été riches en émotions, la thérapeute nous a aidés à voir nos difficultés sous un autre angle. Fin Juillet, on collait notre brochette de bambins chez les mamies et on partait en vacances à deux, une seconde lune de miel !
J'aime ma femme et si le confinement nous a mis à rude épreuve, il n'est pas parvenu à nous séparer et nous en ressortons plus forts et plus complices que jamais. A tous les couples qui ont été confrontés à de profonds accrocs liés au contexte "covidien", je passe ce message; Tenez bon, c'est une tempête mais ça ne veut pas dire que c'est un naufrage, il faut garder le cap et s'épauler l'un l'autre pour traverser tout ça et s'en relever plus solides encore... Ne tirez pas des conclusions hâtives et faites preuve de dévouement. J'espère que mon témoignage aidera des couples dans la tourmente à voir leur situation autrement, courage en tous cas !
Merci à tous les trois pour ces précieux récits. Cette pandémie nous met à l'épreuve et nous n'avons sans doute pas fini de devoir composer avec le virus, ses variants, d'autres confinements. Selon nous, c'était important de faire cet article et s'il ne fallait en garder qu'un message, ce serait sans doute celui de la patience, de la résilience.
Le confinement exacerbe les difficultés et ça se sent dans le couple comme dans quasiment tous les autres domaines. A l'image de ce que nous dit Erwann dans son poignant témoignage, il faut faire la part des choses entre ce qui est aggravé par l'enfermement et les vrais sujets qui doivent faire l'objet d'une remise en question.
Si vous vous sentez dans ce type d'impasse, n'hésitez pas à faire appel à une aide extérieure pour apaiser le dialogue entre vous et vous placer dans une démarche constructive plutôt que destructrice. Nos équipes et nos partenaires sont à votre disposition pour vous aiguiller et il vous suffit de nous contacter ici pour obtenir notre soutien concret. Notez que nous avons aussi développé une offre de services spécialement conçue pour les couples en crise, retrouvez-la sur le site onfaitlepoint.fr.
Enfin, si vous aussi vous avez envie de nous raconter votre propre expérience, écrivez-nous à contact@agenceoss.com, vos vécus ne cessent d'enrichir nos utilisateurs et nous sommes fiers de partager tout ça avec vous.