Dans le cadre de son dernier numéro consacré aux tabous dans l'éducation, le Magazine Innovation en Education nous a fait l'honneur de nous inviter à participer aux débats.
Nous avons bien sûr été enthousiastes et nous sommes fiers d'avoir apporté notre pierre à l'édifice au travers d'un article consacré à la séparation du couple parental et aux écueils à éviter afin que cette éprouvante transition impacte le moins possible les enfants concernés.
Nous remercions l'équipe de ce pertinent Magazine pour sa confiance et nous vous invitons à vous abonner et à acheter le magazine directement en ligne en suivant ces liens:
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Reprenons ci-dessous quelques lignes de présentation extraites directement de leur site afin de mieux cerner les contours de leur approche à la fois constructive et pédagogique;
Innovation en éducation a été créée en 2014 par Julien Peron avec pour unique conviction que « tout part de l’éducation ! »
C’est en accompagnant les parents, les professionnels de l’éducation et les enfants que nous parviendrons à faire évoluer la société positivement. Au fil des années sont nés un congrès à Paris et à Montpellier, un magazine papier distribué dans 40 pays, un podcast et le dernier en date : un guide audio d’accompagnement, afin de vous donner toujours plus de clés !
Retrouvez tous ces précieux supports en cliquant sur ce lien.
Ci-dessous, notre article en version longue autour de cette épreuve de la séparation du couple parental.
L’enfant face à la séparation ou au divorce de ses parents
Même si elle est entrée dans les mœurs et peut sembler banale pour la majorité d’entre nous, la rupture amoureuse est toujours une épreuve, particulièrement lorsque le couple concerné avait fondé une famille.
Outre la culpabilité ressentie en tant que parents d’imposer à son enfant cette douleur, nous appréhendons vivement toutes les conséquences de cet état de fait sur la vie de chacun et notamment sur le bien-grandir de notre progéniture.
Loin de nous l’idée de prétendre définir une feuille de route à destination des parents en situation de séparation mais nous pouvons néanmoins proposer des axes de réflexion autour de cette vaste et délicate question, comment protéger nos enfants des écueils de notre séparation ?
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Prendre le temps de mûrir notre réflexion et d’être sur la même longueur d’onde avant de divorcer ou de se séparer
Dans le cadre de nos accompagnements des familles confrontées à la rupture du couple parental, nous avons constaté que ce qui est sans doute le plus traumatisant pour un enfant est d’assister au déchirement de ses parents. Le plus dur pour nos chérubins, c’est en effet de se retrouver au milieu de nos disputes, d’être les témoins démunis de l’animosité, parfois même la haine que nous ressentons l’un pour l’autre à la fin de notre histoire.
Dans certains contextes, il est quasiment impossible de préserver les enfants, la découverte d’un adultère peut s’avérer par exemple difficile à cacher à un adolescent, tout comme l’addiction ou les comportements violents d’un des parents. En dehors de ces situations extrêmes qui compliquent encore les choses, nous pensons qu’il est surtout primordial de prendre son temps.
Une rupture amoureuse n’est jamais anodine, a fortiori quand on a fondé une famille. Sur notre site, on insiste beaucoup sur le cheminement de la décision de séparation en ce qu’elle va générer des changements radicaux dans tous les domaines de notre vie.
Pour certains, il peut s’avérer utile de recourir au soutien d’un thérapeute dans cette phase de réflexion. Quand la décision de se séparer est commune, c’est déjà plus clair mais quelques séances de thérapie peuvent aussi permettre d’apaiser la relation. L’objectif est de favoriser un dialogue plus serein afin de co-construire ensemble les conditions de cette séparation.
En revanche, quand l’initiative de la rupture n’appartient qu’à un des conjoints, outre cette phase de réflexion essentielle, il faudra faire preuve d’empathie et de patience pour permettre à l’autre d’accepter le principe de la séparation. On comprend aisément que celui des deux qui est à l’origine de la rupture a en quelque sorte de l’avance sur l’autre dans son deuil de l’histoire. Être quitté(e) est une épreuve, même quand on s’y attend, même quand on y pensait depuis longtemps. A ce titre, il est primordial de patienter afin de permettre une sorte d’apaisement. Nous sommes nombreux à commettre l’erreur de brûler les étapes. Vouloir entamer les démarches trop vite, alors même que l’autre n’a pas pu digérer l’annonce de cette séparation, est une erreur fréquente qui conduit souvent à l’impasse, la communication se rompt et ce sera encore plus long de renouer un dialogue serein.
Sur cette étape, nous conseillons donc vivement de laisser retomber la pression, chacun doit pouvoir accepter le principe de la rupture à son rythme. Bien entendu, il n’est pas question de laisser perdurer un statu quo pendant des mois et c’est difficile de quantifier le temps nécessaire, ce sera propre à chaque histoire. La décohabitation s’imposera pour certains et si c’est le cas, ça précipitera la discussion avec le ou les enfants du couple.
Dans l’idéal, nous y reviendrons un peu plus loin, il est préférable que l’annonce de notre séparation à notre enfant se fasse dans un contexte calme et rassurant, avec un propos réfléchi et en permettant à notre enfant d’exprimer tout ce qu’il ressent.
Retenons ici dans un premier temps que plus notre séparation sera admise et préparée, moins elle sera susceptible de perturber notre enfant, quel que soit son âge.
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Anticiper ensemble les changements auxquels nos enfants vont être confrontés
Une fois que les parents s’entendent sur la fin de leur couple, ils peuvent décider de faire de leur enfant le dénominateur commun de la façon dont ils vont gérer leur séparation. Malheureusement, il n’est pas rare qu’une mère ou qu’un père instrumentalise l’enfant pour se venger de l’autre et c’est sans aucun doute parmi les scénarios les plus nuisibles pour nos petits. Préserver l’équilibre de votre enfant, c’est avant tout faire preuve de respect mutuel en sa présence. Tous les spécialistes de l’enfance s’accordent pour dire qu’il est important, autant que faire se peut, de cloisonner le couple « marital » du couple parental. Nous nous séparons mais nous restons néanmoins un binôme de parents et en tant qu’adultes, il nous appartient de veiller à maintenir les équilibres de nos enfants.
Les médiateurs avec lesquels nous collaborons régulièrement insistent sur le fait que les enfants de parents qui se séparent ont surtout besoin d’être rassurés sur des éléments concrets. Ils veulent savoir où ils vont vivre, s’ils devront changer d’école, comment ils continueront à voir les deux parents …
Bien entendu, les angoisses de nos enfants s’expriment différemment selon leur âge, nos plus petits n’auront pas les mêmes appréhensions que nos adolescents. Ce qu’on peut néanmoins dire, c’est que plus nous sommes en phase l’un avec l’autre sur les changements qui s’imposent, moins cela génèrera de stress chez eux.
L’idéal est de pouvoir co-construire ensemble l’après-séparation afin que nos enfants puissent se projeter sur des perspectives rassurantes. Le sort de la maison ou de l’appartement familial est par exemple un élément important pour l’enfant. Certains parents seront rapidement fixés sur leurs futurs lieux de vie mais pour d’autres, cela nécessitera du temps et de nombreuses démarches avant de savoir comment s’organisera leur quotidien après la séparation effective. Ces incertitudes sont une source de stress pour les parents et par extension, pour les enfants aussi.
Plus vite vous serez fixés sur l’organisation de votre co-parentalité, plus sécurisant ce sera pour tout le monde. Même idée pour la ventilation de la garde puisqu’en dehors des situations extrêmes, nos enfants ont besoin de savoir qu’ils continueront à voir leurs deux parents.
Cela implique que nous soyons capables de nous entendre sur la façon dont nous souhaitons aménager le quotidien de notre enfant. Retenons qu’un des fléaux les plus fréquents de la séparation parentale consiste à se déchirer sur la garde de l’enfant. Pour les parents qui sont en conflit sur ce sujet crucial, le recours à un médiateur familial s’avère généralement concluant et il est toujours préférable de faire appel à un tiers compétent pour nous aider à trouver des terrains d’entente cohérents plutôt que d’opter pour une procédure judiciaire longue, coûteuse et énergivore.
Il faut bien mesurer que sans accord entre nous, les parents, seul un juge aux affaires familiales est habilité à trancher et à décider des contours de la garde de notre enfant. Qu'il s'agisse d'un divorce conflictuel ou d'une séparation tendue à cause d'un désaccord sur la garde du ou des enfants du couple, la bataille juridique aura de lourdes conséquences pour tout le monde, à commencer par nos petits.
En bref, plus nous sommes capables de nous entendre sur les suites de notre séparation, moins nos enfants seront anxieux face à cette épreuve.
Annoncer ensemble à notre enfant notre souhait de mettre fin à la vie commune et le rassurer
En tant que parents, c’est sans doute l’un des moments qu’on appréhende le plus, annoncer à notre ou nos enfants que nous allons nous séparer est extrêmement difficile.
Pour celles et ceux qui le souhaitent, vous pouvez consulter d'autres articles à ce sujet sur notre site en suivant ce lien.
De nombreux spécialistes s’entendent pour dire qu’il est préférable d’annoncer ensemble la séparation ou le divorce, tenir un discours serein, commun, rassurant.
Reconnaissons que dans certains contextes et pour une partie d’entre nous, cette éventualité semble impossible, insurmontable. Quel que soit notre état d’esprit, nous devons essayer, autant que faire se peut, de ne pas rejeter toute la responsabilité, toute la faute sur l’autre. Ce moment nous pousse dans nos retranchements et nos peurs les plus profondes mais nous pouvons tenter de contenir nos émotions pour ne pas craquer et nous effondrer face à nos petits.
Tous les enfants auront besoin d’être rassurés, entendre de notre bouche qu’ils n’y sont pour rien, que ce n’est pas leur faute si nous nous séparons et que nous restons ensemble leurs parents. Il faut bien comprendre que c’est un cataclysme pour eux, même pour ceux qui s’attendaient à la rupture. Naturellement, il ne faut pas hésiter à leur témoigner tout l’amour qu’on leur porte, à rappeler qu’ils ont été voulus et que la fin de notre histoire ne signifie pas la fin de notre famille, nous restons ensemble des parents unis pour prendre soin d’eux.
Comme évoqué plus haut, les enfants auront généralement plein de questions sur ce qui va changer dans leur vie et si vous ne pouvez pas encore entrer dans les détails, essayez de les tranquilliser. Inutile de les associer aux différentes démarches que nous entreprenons, expliquons simplement qu’il nous faut encore un peu de temps pour préparer l’après-séparation mais que nous ferons le maximum pour qu’ils se sentent bien, pour qu’ils s’épanouissent dans cette nouvelle organisation.
Nos référents thérapeutes insistent sur l’importance d’inviter et même d’inciter les enfants à parler, à verbaliser ce qu’ils ressentent face à cette nouvelle. Il suffit généralement qu’ils expriment leur souffrance pour atténuer leurs angoisses et limiter les conséquences sur leur vie. Parfois, il faudra faire appel à une aide extérieure, un professionnel compétent pour accompagner l’enfant dans cette période transitoire. En tant que parents, nous devons accepter que nous ne sommes pas toujours les mieux placés pour entendre la douleur de nos enfants, particulièrement dans ce contexte. Conflit de loyauté, introversion, peur de blesser, les raisons qui poussent un enfant à intérioriser ses émotions sont nombreuses. Suite à l’annonce de notre séparation, nous devons être particulièrement vigilants et face à des signes d’isolement, de repli sur soi, d’insomnies ou de troubles alimentaires, il existe de nombreux leviers pour aider ou faire aider l’enfant dans son cheminement.
Favoriser un dialogue respectueux et serein sur tout ce qui a trait à l’organisation de la garde de notre enfant dès le départ
Mettre fin à la vie commune va impliquer une nouvelle logistique qui peut parfois tarder à se mettre en place. Plus nous veillons à anticiper notre organisation sur la garde, moins ce sera destabilisant pour nos enfants.
Ne pas s’entendre sur l’agenda de nos enfants cause fréquemment de grosses difficultés à ces derniers. Une fois qu’ils sont au courant de la fin de notre histoire, nous devons essayer d’avoir une ligne directrice commune en ce qui les concerne. Il est légitime qu’ils aient besoin de repères fixes, Où je dors cette semaine ? Et ce week-end ? Est-ce papa ou maman qui vient me récupérer à l’école ? Qui m’accompagne à la danse ou au foot ?... Tous ces détails appellent des réponses claires et plus vous serez en phase l’un avec l’autre, moins votre enfant sera susceptible d’être confronté à des moments d’incertitude ou d’inconfort.
Autre point essentiel pour l’après séparation, maintenir un dialogue respectueux entre parents. Une belle coparentalité passe avant tout par le respect mutuel. Nous le constatons régulièrement dans le cadre de nos suivis, il peut s’avérer très difficile de maintenir une entente cordiale pour un couple qui se sépare et pourtant, c’est une condition essentielle du bien-être de l’enfant.
Les experts nous disent qu’il faut à tout prix éviter les altercations devant l’enfant, qu’il faut aussi veiller à l’éloigner des conversations que nous pourrions avoir sur ce sujet avec nos proches. Même si cela peut sembler évident, nous devons contenir, autant que possible, nos propos injurieux ou blessants envers notre ex-compagnon ou ex-compagne en présence de nos enfants.
La médiation familiale peut permettre de pacifier les rapports conflictuels entre parents, une approche thérapeutique est aussi une piste à creuser pour ceux qui seraient malheureusement dans l’incapacité de communiquer de façon constructive et courtoise.
Favoriser une coparentalité sereine et épanouissante pour tout le monde nécessite que chaque parent y mette du sien. Il faut parfois faire des concessions, accepter que les choses ne se passent pas exactement comme on l’aurait voulu. Le dénominateur commun de cette complexe équation doit toujours être l’intérêt du ou des enfants concernés.
Toutes les organisations sont possibles dès l’instant où elles privilégient le bien-grandir de l’enfant, il ne s’agit donc pas de choisir entre une garde alternée à 50/50 ou une garde classique avec un droit de visite et d’hébergement à l’image du 1 WE/2 et la moitié des vacances scolaires, le champs des possibles est bien plus large. Pour exemple, nous constatons que de plus en plus de couples qui se séparent optent pour une ventilation de garde très flexible, qui s’adapte aux besoins des enfants et à leurs âges. On voit notamment une augmentation constante des gardes alternées « à la carte », c’est-à-dire qui reposent sur les impératifs des parents ou ceux de leurs enfants. Concrètement, vous pouvez décider d’adapter le calendrier de votre garde aux besoins de votre enfant, il peut par exemple être chez l’un de vous du mardi soir au jeudi matin en plus d’un week-end sur deux, il peut aussi passer la moitié de la semaine chez l’un puis le reste chez l’autre … tous les modes de garde sont envisageables du moment qu’il y a respect de l’intérêt de l’enfant concerné.
En tout état de cause, Passer du statut de parents en couple à celui de parents séparés est une transition éprouvante face à laquelle nous ne sommes pas tous égaux. Le contexte de la séparation, les personnalités des conjoints, la situation familiale et de nombreux autres paramètres peuvent influer sur le devenir de votre relation de coparents.
S’il fallait ne retenir qu’une chose, ce serait sans aucun doute l’idée de conciliation et d’apaisement. Chacun de nous devra se responsabiliser et faire des efforts pour prioriser l’équilibre de l’enfant, parfois au détriment de nos propres besoins.
Ce qui est certain, c’est qu’en favorisant une communication saine, vous pourrez adapter votre coparentalité aux besoins évolutifs de votre enfant mais aussi à vos besoins respectifs alors qu’en rompant le dialogue, vous laissez au juge aux affaires familiales le soin de décider pour vous.
Qui mieux que vous pour déterminer ce qui est adapté aux besoins de votre enfant après séparation ou divorce ?
Si vous souhaitez aller plus loin dans ces reflexions et mieux appréhender tous les tabous qui persistent dans nos échanges avec nos enfants, nous vous encourageons à découvrir le dernier numéro du magazine Innovation en Education pour lequel nous avons rédigé le présent article.
Plongez dans le débat audacieux du prochain numéro du magazine Innovation en Éducation, où nous affrontons courageusement le sujet des « Tabous de l’Éducation ».
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En tant que guide pour une éducation positive, ce numéro se penche sur les questions délicates qui souvent restent dans l’ombre.
Innovation en Éducation vous invite à repousser les frontières de la conversation éducative, à explorer de nouvelles perspectives et à embrasser une approche éclairée et bienveillante envers les enfants. Pour les parents et les enseignants engagés dans une éducation qui transcende les tabous, ce numéro est un incontournable.
À travers des rubriques telles que :
D’où viennent nos tabous ?, nous explorons les racines de nos croyances éducatives.
Faut-il tout dire aux enfants ?, venez naviguer avec nous dans le délicat équilibre entre vérité et protection.
Comment parler de spiritualité aux enfants ?
Briser les chaînes du silence autour du harcèlement.
Les périodes délicates de la puberté et les problématiques des violences intra-familiales sont également abordées avec sensibilité et profondeur.
Merci pour votre attention et plein de courage à vous si vous traversez la tempête de la séparation ou du divorce. Nous sommes à vos côtés dans cette épreuve, n'hésitez pas à nous solliciter ICI pour un bilan de situation gratuit.