Culpabilité et Séparation ou Divorce
Comment gérer sa propre culpabilité quand on décide de quitter son conjoint ou de divorcer ?
La séparation (ou le divorce) est une transition de vie qui implique de nombreux changements dans un contexte général souvent extrêmement houleux.
Celui qui part va affronter les sentiments successifs ressentis par celui qui est quitté et qui souffre parfois atrocement. L’étonnement face à la nouvelle qui tombe, la peine et l’effondrement qui s'emparent de celui ou celle qui a partagé notre vie, l'enchaînement des évènements est bouleversant pour chacun. Plus tard, la souffrance peut se transformer en de la colère, de la rancœur ou carrément de la haine et même un élan de vengeance.
La peine ressentie par celui qui se sent immanquablement abandonné est parfois telle qu’elle devient aveuglante et rend la communication totalement impossible.
En général, c’est celui qui décide de la rupture qui va porter longtemps le fardeau de sa propre culpabilité. Comment alléger ce poids ? Comment vivre avec et l’apprivoiser ?
Notre expérience auprès des couples que nous accompagnons démontre à quel point le fait de se sentir coupable apporte à la fois des axes de progression mais aussi des risques de perdition qu'il faut à tout prix endiguer et tout au moins maîtriser...
Séparation ou divorce, se sentir coupable vis-à-vis de l’autre, celui qui a partagé notre vie.
Quitter l'autre, comment gérer le sentiment de culpabilité vis-à-vis de lui ?
Avant tout, il est parfaitement normal de se sentir coupable quand on prend une décision qui va faire souffrir des proches et en premier lieu, une personne qu’on a aimée profondément. Eprouver de la peine parce qu'on fait du mal à quelqu'un fait de nous des humains, notre humanité est avant tout dans la compassion, la conscience de soi et de l'autre.
Dans nos sociétés modernes, il faudrait ne se sentir coupable de rien du moment qu’on assume ses choix… C’est une injonction stérile car personne n’est à l’abri de commettre une erreur et la culpabilité est une sensation qui impose de se remettre en question ;
Est-ce que je fais le bon choix ?
Ma décision de quitter mon conjoint ou ma conjointe est-elle suffisamment réfléchie ?
Que puis-je faire pour que l’autre souffre le moins possible de la rupture ?
A vrai dire, se sentir coupable est même plutôt sain puisque ça nous oblige à creuser et à mettre notre volonté à l’épreuve des réalités.
Dans nos accompagnements, il arrive fréquemment que celui qui est à l’initiative de la rupture soit tellement rongé par la culpabilité qu’il s’isole pour se confronter aux conséquences de sa décision et revienne avec le souhait de redonner une chance à son couple. Nous avons vu des histoires repartir sur de bonnes bases après une profonde remise en question qui n'aurait sans doute pas eu lieu sans que la culpabilité ne vienne y mettre son grain de sel.
Il faut aussi avouer que la culpabilité nous retient souvent de céder à la tentation d'une aventure extra-conjugale, sans oublier qu'il est toujours plus difficile de recoller les morceaux après un adultère qu'avant.
La culpabilité ne sera pas la même chez un jeune homme qui annonce la fin de leur histoire à sa compagne de 25 ans qui a toute la vie devant elle que chez un homme marié depuis 20 ans et père de famille.
En ressentant de la culpabilité, vous faites simplement preuve d’empathie. Ne plus aimer l’autre ne signifie pas que vous n’avez plus de tendresse ou de respect à son égard et c’est bien la raison principale qui vous pousse à souffrir de votre propre volonté de rompre.
Parfois même, la culpabilité peut sauver un couple qui va mal. Le fait d’être en proie à un sentiment de honte par rapport à des choses qu’on n’a pas su se retenir de faire peut amener à se poser de vraies questions et à faire un travail d’introspection salutaire. Il arrive souvent qu’un adultère conduise à une prise de conscience générale et que le couple entame une thérapie pour sauver ce qu'il reste d'amour et de complicité.
Retenez qu’on ne peut pas espérer divorcer ou se séparer d’un compagnon de vie sans prendre le risque de le faire souffrir. Responsabilisez-vous face à cet état de fait. "Oui, je m’apprête à chambouler toute ma vie et par extension, toute la vie de mon conjoint ou de ma conjointe ainsi que celle de nos enfants (si vous êtes parents)."
Trop de personnes se laissent envahir par la culpabilité et se refusent à aller au bout de leur décision de rompre, même si elle semble être la plus raisonnable. Certains tentent même de saboter leur histoire afin que ce soit l’autre qui prenne l’initiative de la rupture.
Nous avons de nombreux exemples de couples qui se séparent pour de mauvaises raisons, simplement parce que l’un des deux conjoints n’a pas eu le courage d’annoncer à l’autre qu’il souhaitait en finir ou divorcer. Certains diront que c'est de la lâcheté, que c'est une façon de faire indigne et même si ce n'est pas totalement faux, nous ne sommes pas tous égaux face à ce type de décisions...
A vrai dire, cette situation n’amène jamais rien de bon, celui qui cherche à être quitté par procuration ou à reporter la faute sur l’autre pour s'épargner la culpabilité d'assumer la rupture va se heurter à sa propre conscience ou aux conséquences de ses faux semblants. On retombe rarement sur ses pattes quand on prend le chemin de la malhonnêteté...
Vous avez le droit d’être au bout de votre histoire, tout le monde a le droit de choisir avec qui il veut faire sa vie et vous seul pouvez décider de ce qui est bon pour vous.
Dans l’imaginaire collectif, c’est systématiquement celui qui part qui endosse le rôle du bourreau mais notre expérience nous prouve quotidiennement que c'est loin d'être toujours vrai et que cela dépend surtout de la manière dont il part.
En cela, la culpabilité peut finalement avoir du bon…Le fait de se sentir responsable de la peine infligée à l’autre nous oblige à être plus attentif à ce qu’il peut ressentir, nous veillons à ménager celui qui souffre et c'est toujours une bonne initiative. Une personne affranchie de toute empathie pourrait se montrer cruelle avec celui ou celle qu’il s’apprête à quitter. Au contraire, celui qui ressent de la culpabilité va faire le maximum pour alléger la peine et arrondir les angles.
Séparation, divorce, la culpabilité vis-à-vis de ses enfants
Il ne faut pas confondre les deux formes de culpabilité même si elles se mélangent ! La culpabilité que vous ressentez du fait de la décision de rupture face à votre compagnon ou compagne est à dissocier de celle qui vous assaille quand vous pensez à vos enfants.
Vous vous sentez coupable vis-à-vis de vos enfants qui subissent votre décision de quitter leur maman ou leur papa. Là aussi, il s’agit d’une réaction totalement normale et légitime, vous allez en effet bouleverser la vie de votre famille en mettant fin à votre couple et vos enfants vont forcément en souffrir.
Cela dit, il est important de faire la part des choses. Aucun parent ne doit sacrifier son épanouissement au profit exclusif du bien-être de ses enfants. Autrement dit, on ne reste pas avec quelqu’un pour la seule raison qu’il est le père ou la mère de son enfant.
Trop de gens s’oublient sous couvert qu’ils sont devenus parents. Soyez certains que vous regretterez un jour ou l’autre d’avoir démissionné de votre bonheur uniquement pour ne pas chambouler vos petits. Un bon parent est avant tout un homme ou une femme qui se sent épanoui(e) dans sa vie et un enfant a besoin que son père et sa mère soient heureux, ensemble ou séparément.
Bien entendu, ça ne signifie pas que vous devez trancher dans le vif, la décision de se séparer doit être mûrement réfléchie et il faut donc vous laisser du temps.
Attention aussi à la manière dont vos enfants recevront l’annonce de votre séparation. Il est primordial qu’ils soient préservés des dérives de nos vies d’adultes. S’ils ont besoin d’explications, faites le tri entre ce qu’ils peuvent entendre et ce qui ne les regarde aucunement. Gardez-vous bien de justifier des choses dont vous vous sentiriez coupable pour des raisons qu’ils ne peuvent pas comprendre ou qu’ils n’ont pas besoin de savoir ! Pour aller plus loin sur cette question de l'annonce de sa séparation aux enfants, consultez ce lien vers notre dossier à ce sujet.
Une fois que vous serez séparés ou divorcés, la culpabilité ne doit pas venir polluer votre relation à vos enfants. Veillez à ne pas vous laisser instrumentaliser par elle, les enfants savent parfaitement reconnaître les faiblesses de leurs parents. Les adolescents sont sans aucun doute les plus doués pour appuyer sur le bouton de la culpabilité quand ça les arrange…
« Tu comprends papa, c’est à cause du divorce que j’ai de mauvais résultats… », « Maman, il faut que tu me laisses sortir, j’ai besoin de me changer les idées avec tout ce que vous nous faites subir avec votre séparation ! », « je crois que je vais retourner quelques jours chez maman, je sens bien qu’elle est triste à cause de toi… ».
Attention donc à ce que la culpabilité que vous ressentez ne vienne pas biaiser vos échanges avec vos enfants et votre rôle d’éducation !
Comment cesser de ressentir de la culpabilité après sa séparation, son divorce ?
S’il est normal de la traîner un moment, il faut néanmoins se délester de sa culpabilité au bout d’un certain temps.
Vive et tenace les premiers mois, votre boule au ventre perpétuelle devrait s’alléger au fur et à mesure que vous vous réapproprierez votre vie. Le fait de vous sentir coupable s’estompera plus facilement si ceux que vous avez fait souffrir (conjoint(e), enfants, proches…) vont de mieux en mieux. Le pardon fait aussi gagner un temps précieux quand il est nécessaire.
En revanche, quand la culpabilité s’installe et s’intensifie, il peut être judicieux de recourir à une aide extérieure. Une thérapie pourrait vous épargner de sombrer dans la dépression si vous ne parvenez pas à assumer votre choix de rompre ou les conséquences de votre rupture.
Présenter vos excuses à votre conjoint(e) ou à vos proches pourra aussi être un axe de progrès dans l’acceptation de votre propre décision. Si vous regrettez certains de vos agissements, il ne faut pas hésiter à faire votre mea culpa, allez directement à la rencontre de celui ou celle que vous avez fait souffrir, demandez pardon, même par écrit s’il refuse de vous voir.
Le simple fait de formuler votre compassion devrait déjà libérer un peu votre conscience.
Si vous avez eu un comportement particulièrement odieux, faites profil bas le temps qu’il faudra pour recoller les morceaux et espérer recréer du lien. Il est inutile de chercher à forcer quelqu’un à vous pardonner, seul le temps aura raison de sa rancœur vis-à-vis de vous. En attendant, restez discret tout en manifestant votre sollicitude.
Vous l'aurez compris, c'est naturel et même logique que vous ressentiez de la culpabilité quand vous décidez de quitter votre partenaire. Acceptez cette sensation, même si elle doit prendre toute la place dans un premier temps. Gardez à l'esprit qu'elle partira lentement mais sûrement...
N'hésitez pas à nous faire part de votre propre expérience, vos témoignages sont les meilleurs supports de reflexion pour ceux qui traversent cette épreuve !
Pour nous raconter votre histoire, il vous suffit de suivre ce lien et nous ferons bientôt un article dédié à l'expérience de nos utilisateurs pour lesquels la culpabilité a été un poids énorme dans le cadre de leur séparation.
Et surtout, retenez qu'un soutien psychologique peut être extrêmement bénéfique pour traverser cette épreuve, nous avons des retours très positifs des pasychologues de chez Psy&You donc faites-vous accompagné si vous en ressentez le besoin :)